Comme souvent, retournons d’abord aux sources de l’enfance afin de mieux comprendre ce qui régit l’adulte.
Le bébé, à sa naissance, se trouve déterminé comme garçon ou fille, et cette définition identitaire va influer sur les attentes et les attitudes des deux géniteurs. Lorsque le parent est d’un sexe différent, il lui devient plus difficile de voir ce nouveau-né comme un prolongement de lui-même, destiné à réaliser plus tard ce qu’il n’a pu atteindre personnellement. Pour le père, par exemple, sa fille ne sera pas le garçon qu’il aurait voulu être (ou pourra malaisément être imaginée ainsi)
Du coup l’investissement affectif du parent "oedipien" se révèle moins mélangé à d'autres enjeux. Le parent peut voir le bambin dans son altérité et rêver pour lui d'un futur marqué au coin de sa propre spécificité sexuelle. La déclaration d'amour reçue par la fille prend ainsi une forme plus dépouillée, dont la teneur se dirait : « Telle que tu es, avec le sexe qui est le tien, je t’aime, je te trouve bien, je suis séduit. Plus tard, tu deviendras une femme, avec ses vécus spécifiques qui me sont personnellement inconnus. Je te souhaite de réussir ta propre vie ». Ce message devient un constructeur narcissique fondamental ; l’enfant se sent rempli de ce bon amour distribué sans "conditions" par le parent du sexe opposé.
Ce lien positif précoce avec le parent "oedipien" va permettre la construction primaire des fondations de la personnalité, du socle de base sur lequel se bâtiront les superstructures de la maison. « Je suis aimée, aimable, attirante, telle que je suis » s’inscrit en postulat de base. Et à partir de là pourront s’installer peu à peu des certitudes telles que : « J’ai ma juste place, dans un monde bon, j’ai le droit de savourer ce qui est, je peux réussir, etc »
Mais… voici le problème. Culturellement, et aussi pour d’autres raisons dont nous reparlerons, poussant la mère à garder la place centrale, parfois quasi unique, dans l’éducation des jeunes, la configuration la plus courante sera : un père plutôt absent, consacré à son travail ou à des activités extérieures ; une mère en charge très majoritaire de la progéniture; un enfant qui se trouve en lien quasi privilégié avec la maman.
Ceci présente de nombreuses conséquences négatives pour chacun des deux sexes, qui se retrouveront dans les attitudes ultérieures des hommes et des femmes (misogynie des uns comme des autres). Nous allons étudier aujourd’hui surtout ce qu’il en est du parcours des filles.
Trois aspects vont peser lourd pour l’élaboration de leur psychisme
1) Le faible lien avec le père
En gardant le cas de figure décrit plus haut, nous apercevons une situation où la fille voit assez peu son père. Elle a surtout affaire à sa mère. Celle-ci, du même sexe qu’elle, dépose inconsciemment sur sa petite des aspirations en rapport avec son propre parcours : « Deviens la fille merveilleuse que moi-même j’aurais dû être ».
L’enfant reçoit une pression l’incitant à être un prolongement du parent. Elle ressent le manque d’un amour hétérosexué permettant de se trouver aimée, aimable, inconditionnellement, simplement parce qu’elle est une fille.
Le poids de cette situation, maintenue au fil de longues années, va produire peu à peu deux conséquences
Devenue femme son comportement sera donc marqué par ces deux tendances. Mais, derrière elles, gît le sentiment de pénurie, de vide, de creux ; compensé ensuite par l’espoir de remplir cette insuffisance grâce à un compagnon fabuleux, idéal, idyllique.
2) L’absence de visibilité de son sexe
Alors qu’elle a déjà peu investi son corps sexué, suite au déficit de présence du parent "oedipien", la petite fille va devoir digérer le fait que son sexe ne se présente pas d’une façon visible.
Elle n'est pas comme le garçon, avec son pénis apparent. Elle ne possède pas non plus ces seins qui affirmeraient sa capacité à rivaliser sexuellement avec sa mère. Elle vit son corps plat et fendu comme n'ayant RIEN ! Rien pour affirmer la gloire de sa propre sexuation. Et ce "rien" la tenaille d'autant plus qu'il vient en collusion avec le vide de père ; les deux carences se conjuguent, et multiplient la certitude d'une faille, d'une lacune.
Elle va donc tenter de contrebalancer cette absence d’organe perceptible par un investissement de son corps entier. La "coquetterie" permettra à la petite fille une tentative compensatoire d'affirmation ; cela se retrouvera chez la femme adulte, attentive à ce corps global, dont elle ne sera cependant jamais tout à fait satisfaite. En effet, quoi qu'elle fasse, il lui reste en arrière-plan l’impression persistante que « ce n’est pas suffisant », opinion issue de sa petite enfance dominée par le manque.
3) La position d’insuffisance vécue par tout enfant
Garçon ou fille, tout être humain aura vécu pendant de très nombreuses années le sentiment d'être déficitaire, démuni, moins pourvu que les autres : plus petit, plus faible, sans pouvoir. Il faudra une longue période pour compenser cette impression mais celle-ci n'aura pas été impunément dominante pendant si longtemps : quel que soit notre âge, nous vivrons régulièrement des passages marqués par la sensation d’être "trop petit, peu équipé, pas capable, moins avantagé que d'autres, pas à la hauteur (de ce que nous devrions faire)".
Ce vécu va donc venir, lui aussi, renforcer l'impression frustrante que la petite fille éprouve : « Je n’ai pas ce qu’il me faut pour me sentir comblée ; je suis impuissante, livrée au vide, pas assez aimée, pas assez pourvue ».
Rappelons, en terminant cette partie, que ce déficit narcissique, fréquent chez beaucoup de femmes, peut concerner toute personne ayant rencontré une situation mal structurante : être né en n’ayant pas le sexe attendu, ou en n’étant pas désiré, ou en venant remplir la place d’un enfant mort auparavant , ou du fait d’un long temps de couveuse, ou de traumatismes physiques (opérations, par exemple), ou d’une mère dépressive (et donc absente psychiquement), etc, etc.
Trois points concourent, pour beaucoup de femmes, à instaurer un déficit basal :
Ces aspects, en se conjuguant, participent à la mise en place d’une impression profonde de vide, de manque.
Conséquences négatives
a) L’Entreprise de Perfectionnement (EP) consistant à tout faire pour que le partenaire devienne conforme à l'image idéale attendue
b) ou la tendance à Faire Plaisir (FP) supposant de s'oublier le plus possible, dans l'espoir de susciter finalement chez l'autre cet amour immense et nécessaire
Ces chutes inattendues peuvent apparaître, surtout aux yeux des hommes, comme d'incompréhensibles fluctuations d'humeur féminine. En fait il s'agit de la souffrance du manque, qui trouve moyen de se glisser dans les interstices de la situation du moment, même si celle-ci semble apparemment bonne. "L'enfant" douloureuse vient perturber le vécu de "l'adulte" actuelle.
Cette volte-face d'état d'âme prend fréquemment les formes suivantes :
1) légère (ou forte) déprime
2) ou bien : courroux relationnel pour éviter de déprimer (agresser l'autre permet de dériver sur l'extérieur la hargne que l'on ressent envers soi-même)
3) ou bien : mise en oeuvre d'un moyen pour boucher le Vide (prise de nourriture compulsive ; nettoyage ménager intensif…)
En réalité la meilleure manière de sortir de l'attraction par ce fond primaire, ce stigmate d'enfance, cette incertitude identitaire, c'est de se sentir "comprise, vue, reconnue, aimée".
Pour terminer nous rappellerons que la conséquence la plus délicate à gérer, autour de laquelle nous allons encore tourner, se trouve dans cette attente ardente d'un homme (et à travers lui d'un monde) idéal. L'ex-petite fille va escompter de l'environnement adulte, désormais atteint, qu'il soit enfin capable de la combler ; elle est prête à déployer éventuellement d'énormes efforts pour que le réel extérieur corresponde à son rêve intérieur.
RESUME
A l'adolescence, la jeune fille pourvue désormais d'un corps comparable à celui de la mère peut enfin se lancer dans la rivalité oedipienne et se renarcissiser.
Mais le premier vécu, celui de l'enfance impuissante et démunie, persiste en couche sous-jacente. Ceci engendre deux conséquences :
Souffrances liées à l'attente idéale
Lorsqu'on est toute pleine de rêves et d'espérances idéales, qu'on imagine le bien-être découlant uniquement de cet objectif absolu, alors la réalité dans laquelle on vit ne pourra jamais être satisfaisante. La femme régie par ces espoirs merveilleux sera donc forcément souffrante. Son vécu passera par les formes suivantes :
- Rumination. La tête essaie frénétiquement de "comprendre" pourquoi le réel ne se plie pas à ses désirs. Une cogitation qui porte sur chaque petit détail décevant (tous bien mémorisés) et dont on ressort épuisée… sans aucune solution, naturellement.
- Une tension émotionnelle élevée amenant une affectivité à fleur de peau : tout fait réagir, et les humeurs sont mouvantes et aiguës
- Des troubles psychosomatiques variés : le corps sert de drain à cette énergie comprimée
- Une difficulté générale à se relaxer. Ceci vient troubler, à terme, la possibilité d'une sexualité pleinement épanouie, car la détente se révèle nécessaire à la femme pour permettre le laisser-aller propice aux sensations et au plaisir
Endurant ces souffrances, la femme se trouve alors face à deux tentations contradictoires :
a) forcer le réel à s'adapter à l'archétype rêvé (Entreprise de Perfectionnement)
b) se nier, se faire disparaître dans ces désirs "dérangeants" et s'adapter à tout prix (Fais Plaisir. FP) dans l'espoir d'atteindre le but magnifique.
Premier niveau
Celle-ci s'appuie sur une idée fausse : « lorsque l’autre s'ajustera à mes attentes idéales je me sentirai enfin bien ». C’est en fonction de cette croyance que vont se mettre en route les tentatives de transformation. Celles-ci vont se manifester dans les formes ci-dessous :
C’est au nom de la vision pré-établie, interne, propre à elle-même, sur ce que devrait être chacun de ces aspects (maison, famille, etc) que la conjointe "Entreprise de Perfectionnement" critique, commande, contrôle.
Peu à peu il se révèle nettement que ce système ne fonctionne pas : l’amour résiste mal à une pareille ambiance, les conflits et amertumes deviennent plus fréquents, la sexualité se raréfie ou apparaît moins bonne. Mais alors pourquoi l’E.P. continue-t-elle malgré tout sur sa lancée ? C’est que, progressivement, se cristallisent des "bénéfices secondaires".
1) Quand on critique, commande, contrôle, on est située, face à l'autre, en position parentale et plus spécialement, en l'occurrence, suivant l'image d'un parent normatif. Il y a du plaisir à être ainsi en situation "haute", et une partie intime de soi-même est ainsi apaisée. Le pouvoir est une des tentatives habituelles, chez nous tous, pour compenser vulnérabilité, manque, souffrance.
Ainsi la compagne va découvrir la jouissance secrète et rassurante d'être le parent de son homme.
2) Avoir quelqu'un à critiquer soulage la personne de son propre négatif interne. Le mauvais est "projeté" à l'extérieur. Cela détermine progressivement un "jeu", dans lequel la tension interne est vidée grâce aux reproches faits à l'Autre. Quel soulagement d'avoir un "responsable" de ce qui ne va pas . Chaque problème (avec la pression du manque qu'il pourrait réveiller) est ainsi déchargé : l'agressivité envers le conjoint sert d'évacuation.
3) A la limite, ce système peut devenir un véritable organisateur de vie : « Sans Toi (et tes manques, tes défauts, tes exigences, etc) je pourrais faire telle chose, devenir telle personne, réaliser telle grande action ». Ce leitmotiv présente l'avantage d'éviter de prendre sa vie en mains, sous prétexte qu'on ne pourra se réaliser que lorsque le partenaire… sera devenu complètement différent de ce qu’il est.
La souffrance, désormais attribuée à la faute de l'autre, à l’extérieur, ne peut plus être perçue et donc traitée au lieu où elle s’origine, c’est à dire à l’intérieur même du fonctionnement psychique
Outre la diminution de l'amour et de l'entente mutuelle, l'E.P. aboutit au résultat exactement inverse de celui qu'elle recherchait. Elle voit son mari devenir de plus en plus immature, peu concerné, absent, ou bien à l'inverse agressif, dominateur.
La raison en est simple. Lorsqu'un des membres du duo s'installe dans une place de "Parent", il induit que l'autre se mette en position complémentaire, c'est à dire en situation "Enfant". Il est à noter que les personnes très parentales (observez cela dans le milieu de travail) se plaignent d'être entourées d'irresponsables.
Face à sa femme-Parent-critique, l'époux évoluera vers Enfant rebelle, ou Enfant soumis.
Parfois, persuadé de subir ainsi une grande violence morale, il réagit par la violence physique; ou bien il utilisera son sexe en tant qu'arme de domination et non comme un vecteur d'amour.
Attendant que sa vie et son homme soient conformes à une vision idéale, la femme va de déception en insatisfaction. Elle tente alors d'adapter la réalité à son propre dessein, et va se lancer dans une tentative pour perfectionner ce qui l'entoure et plus spécialement son compagnon.
Devant l'échec de ses premières critiques et remarques, elle franchit ensuite des niveaux supplémentaires : elle commande, contrôle, s'installe en position parentale. Le résultat est à l'inverse de ses attentes : dégradations des relations, attitudes infantiles de son mari, violence larvée entre eux deux.
La femme "Fais Plaisir"
Elle, tout au contraire, va s'efforcer de se transformer personnellement, mais dans un sens aussi radical que l'E.P. : en se faisant presque disparaître.
- Elle se montre de plus en plus gentille, évitant conflit et opposition ; et l’entourage devient de plus en plus ingrat
- Elle se voit bientôt traitée comme la cinquième roue du char (elle-même se plaçant en toute dernière ligne de la liste des choses auxquelles il faut penser). On attend qu’elle soit naturellement au service de chacun.
- Bientôt l’amour pour elle diminue. En effet elle ne se positionne plus comme une vraie personne, une femme, un sujet avec ses propres désirs, particularités, son style ; elle est devenue transparente, fonctionnelle. Qui peut être amoureux d’une fonction, invisible et lisse ?
Notons que la boulimie peut se manifester dans toute structure où existe un puissant manque, et où la personne veut éviter de le ressentir.
Le problème des boulimiques, comme des F.P., c'est que le mécanisme fonctionne trop bien. Pour sortir de leur difficulté, il leur faut paradoxalement commencer par se sentir plus mal en écoutant leurs cris de souffrance internes.
Au total, on pourrait dire que E.P. comme F.P. adhèrent à des croyances fausses qui sont les pierres angulaires sur lesquelles s'établit tout un système destructeur :
Fausse attente :
E.P. : il faut que l'autre se perfectionne, pour que j'arrive à me sentir bien
F.P. : si je ne tiens compte que de l'autre et pas de moi, je serai enfin aimée
Fausse croyance :
L'homme que j'aime ne répondra pas à mes besoins (cf. père) Ceci se renforce ensuite par le fait que ces besoins demeurent inexprimés (F.P.) ou sont mal présentés (E.P.) et ne peuvent donc pas trouver un répondant suffisant.
Faux problème :
E.P. : dériver le problème sur l'autre, au lieu de le traiter en soi ("Sans Toi")
F.P. : comment mieux faire pour l'autre ? au lieu de se respecter soi-même dans son propre parcours de vie.
E.P. et F.P. sont deux perspectives contradictoires : manipuler l'autre pour qu'il change ; ou ignorer son propre soi au profit de l'autre. Une troisième voie représente la seule sortie. C'est celle-ci que nous allons évoquer dans ce chapitre et dans d'autres
"Fais Plaisir" pense qu'en se niant elle-même au profit de l'autre, elle sera enfin aimée et appréciée comme elle le désire.
Elle récolte exactement l'inverse : moins elle se respecte, moins elle permet que son entourage la respecte. Au lieu d'être aimée, elle devient un objet fonctionnel, utile, qu'on voit de moins en moins.
Douleur et colère face à cette situation sont elles aussi enfouies et refusées. Il y a un risque final d'éclatement sous forme de maladie (ou de cracking psychique). La boulimie se manifeste de façon assez courante.
QUELQUES CONSEILS
Préalable
Nous disposons de deux moteurs, pour avancer vers notre plus grande réalisation : un à l'arrière, qui nous pousse à sortir d'une situation douloureuse, un à l'avant qui nous tire vers le désir d'une vie meilleure.
L'être humain, avec ses deux moteurs, et s'il réussit à les mettre en route en même temps, jouit d'une puissance spectaculaire. De nombreux cas peuvent en attester. Pensons à l'aviateur GUILLAUMET, échoué dans la Cordillère des Andes, et réussissant contre tout pronostic à s'en sortir ; sa fameuse phrase nous le rappelle : « Ce que j’ai fait, aucune bête au monde ne l’aurait fait ».
Comment faire fonctionner ces deux moteurs en même temps ? Voici brièvement leur mode d'emploi :
A la lumière de ces explications, on comprendra pourquoi ce livre propose fréquemment de voir ce qui ne va pas et de rester avec cela, sans vouloir le changer trop vite.
Le négatif ne doit pas être refoulé, sous peine de le pérenniser dans l'inconscient, et de perdre l'impact du moteur arrière. "Positiver" d'une façon automatique, pour éviter de voir et de sentir le négatif, est donc contraire à cette perspective.
Conclusion : ne cherchez pas à "amortir" les propositions écrites ici, quand elles vous conduisent à ressentir plus de douleur.
Conseils à l'Entreprise de Perfectionnement
A noter : si vous ne vous situez dans aucune des deux catégories (E.P. ou F.P.), vous avez intérêt malgré tout à essayer de pratiquer les exercices ci-dessous.
Pendant une semaine
- que ressentirait une amie à qui je parlerais ainsi ? comment réagirait-elle ? comment évoluerait notre amitié ?
- que ressentirais-je moi-même si une amie se comportait ainsi avec moi ?
- en quoi est-ce que je ressemble à quelqu'un quand je fais ainsi (ma mère, en particulier) ?
Si votre réaction emprunte le chemin habituel, en cherchant à vous reporter sur votre conjoint (« Pourquoi est-ce à moi de faire ce travail ? Lui, il devrait encore bien plus observer ses défauts ! » etc), revenez à vous-même. Vous pouvez vous soutenir en constatant que se focaliser sur l’autre est bien la stratégie défensive évoquée précédemment.
Pendant 15 jours (ou 3 semaines)
1) Désormais vous allez vous abstenir de toute critique et de tout ordre, tous les jours
2) Quand c’est vraiment trop dur, que cela vous brûle la langue, notez sur un cahier la critique ou l’ordre que vous avez envie d’exprimer. Eventuellement téléphonez à une amie, et faites vous soutenir par elle durant cette période. Soulagez-vous auprès d’elle de votre colère et de votre inquiétude (« mais où est-ce que ça va nous emmener ? tout ça va aller à vau-l’eau ! »), après lui avoir demandé explicitement de vous aider cependant à tenir le coup dans votre expérimentation.
Cherchez tout ce qui vous permettra de continuer à vous retenir et à appliquer le point numéro 1 . Eventuellement allez vous défouler, faites du jogging, allez chez l’esthéticienne, ou au stretching…
3) Observez le désarroi et la peur qui sont là, en vous , qui sont les vôtres dès que la position de pouvoir n’est plus adoptée.
4) Rappelez-vous des bons souvenirs du début de la relation. Et souvenez-vous des aspects que vous aimez et qui vous touchent chez votre conjoint. Le but est de se remémorer que cet homme est autre chose qu’un enfant à contrôler ou éduquer. Après tout ne réussit-il pas à être apprécié et reconnu dans son travail ou ailleurs ?
5) Dans la journée, observez ce qui est appréciable dans le comportement de votre compagnon et félicitez-le (au moins une félicitation par jour). Ne vous freinez pas avec des considérations telles que : « Oui, c’est bien, mais après tout c’est tout à fait normal qu’il le fasse ».
6) Stimulez-vous journellement avec la question suivante (moteur avant) : « Est-ce que je préfère gagner la guerre ou bien rétablir l’harmonie et la joie dans ma vie de couple ? »
7) Soutenez-vous, en vous offrant à vous-même de bonnes choses ou de bons moments. Ce point est très important car il permet de développer votre propre capacité à vous donner du bon et à vous occuper de votre vie.
8) Rassurez votre partie résistante en vous disant que, après tout, ce n’est qu’une expérience sur un temps délimité
9) Observez si quelque chose change dans l’ambiance amoureuse entre vous
Ultérieurement
Il s’agira de :
1) Apprendre à vous donner la réassurance nécessaire et à devenir une "bonne mère" pour vous-même
2) Apprendre à dire sans pression vos désirs et vos limites
Nous verrons cela en détail par la suite.
Si vous êtes le conjoint d'une E.P.
Conseils à "Fais Plaisir"
Préambule
- les apparents bénéfices de F.P. Les autres n'ont pas l'air de se plaindre…
- l'habitude de nier votre propre vécu. La phrase suivante doit avoir un petit air connu pour vous : « Moi, mon vrai désir, c’est justement de faire plaisir », sous-entendu : « et je ne veux pas vraiment tenir compte d’autre chose »
- les résistances à remettre en cause F.P. : « On ne va pas améliorer notre couple si je remarque ce qui va amener des divergences, des conflits, ou même des querelles ». Pour vous il est impensable que des disputes régulières et modérées puissent être utiles à un couple.
- les systèmes pour essayer de "positiver" et de ne pas ressentir souffrance et déception
- Voir le prix payé (moteur arrière) quand vous maintenez F.P. : sentiment de déréliction et d'absence de sens à votre vie, impression d'immaturité, d'impuissance, de faible réalisation. Et retours d'ingratitude, déjà reçus ou qui viendront dans le futur.
Enfoncez-vous dans ce prix payé, jusqu'à la nausée. Imaginez ce que dirait une amie intime qui voudrait vous faire comprendre que F.P. est un très mauvais choix de vie. Relisez ce qui est dit dans ce chapitre et pénétrez-vous des vérités qui vous concernent.
- Entrevoir la richesse d'une vie dans laquelle les deux sont à égalité et se soutiennent mutuellement pour la meilleure réalisation de chacun. Rêvez ce futur (moteur avant), tout en sachant qu'il n'adviendra que si vous décidez fortement de sortir de F.P.
Conseils pratiques
1) Tous les jours entraînez-vous à faire plus attention à vos goûts et à vos dégoûts. Il s'agit de développer la polarisation de votre boussole interne : pôle Nord, pôle Sud ; ce que vous aimez, ce que vous n'aimez pas.
Ceci passe par une interrogation fréquente à propos des moindres petites choses : est-ce que je mange ceci par plaisir ou par habitude ? est-ce que je m'habille de telle façon parce que c'est vraiment mon choix ? est-ce que la sortie (ou au contraire la non-sortie) proposée par mon mari me tente vraiment ? etc, etc
Attention : ne changez rien dans vos habitudes. N'exprimez pas que vous préférez ceci et que vous n'aimez pas cela. Par contre, développez intérieurement, en vous, ce repérage : ça j'aime ; ça je n'aime pas.
2) Amplifiez intérieurement (et sans les extérioriser) les émotions habituellement refusées (peur, tristesse, dégoût, déception, amertume) et surtout la colère. Comme vous ne la ressentez probablement pas beaucoup, repérez quand il y a en vous un "léger agacement" et dites-vous qu'en fait il existe, là-derrière, une colère, qui elle-même masque peut-être une vraie rage. Tirez sur ce fil jusqu'à ce que vous ayez senti et compris que votre colère est bien là, sous ce "léger agacement", et qu'elle est légitime.
3) Envisagez de vous faire soutenir par un thérapeute, ou un groupe de développement personnel, ou un cercle de femmes, avec le but de donner plus de valeur au respect de soi-même et à la mise en place d'une bonne mère interne envers vous-même.
Pourquoi vous est-il nécessaire de recevoir un soutien ? Parce que toutes ces démarches de changement vont vous apparaître "égoïstes" et à mille lieues, semble-t-il, de ce que vous voulez… Or il vous faut découvrir que c'est paradoxalement de ce côté-là que se découvrira une vie personnelle et amoureuse beaucoup plus riche en réalisation.
Si vous êtes le compagnon d'une F.P.
Si vous choisissez de transformer cette vie-ci (plutôt que d'avoir des aventures), il va vous falloir participer à
l'évolution de votre femme.
Incitez-la régulièrement à faire des choix pour vous deux, à dire son opinion, et (c'est là le plus dur) pliez vous régulièrement à ces choix ou opinions. Après tout qu'est-ce qui est important : dominer un terrain habité par des ombres, ou sentir le souffle d'une vie variée, riche, pleine ? Ce dernier point ne pourra advenir que lorsque vous aurez su aider votre femme à devenir une personne entière.